lundi 27 février 2012

Episode 27

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Depuis, l’eau avait coulé sous les ponts. L’oncle David avait été emporté par une crise d’apoplexie pendant un bon repas, signe de sa parfaite assimilation à la culture locale, et son fils avait hérité de son patrimoine et de son sens des affaires. Il avait investi dans les techniques de communication, notamment le téléphone, et s’assurait ainsi, en plus de ses diverses propriétés et portefeuilles, un confortable revenu. Sa magnifique demeure avait appartenu à son père, qui y avait fait installer toutes les commodités modernes, et n’avait lésiné sur aucune ornementation. Un réseau électrique indépendant assurait une alimentation régulière, même pendant les coupures. Le jardin était constellé de petites mares où nageaient des tortues exotiques, et il y avait même, dans une aile de la demeure, une salle où pouvaient être données des représentations théâtrales privées. Salomon, depuis son petit appartement miteux, ne pouvait que regarder de loin, avec envie et une vague rancune à l’égard de ses propres parents, cette réussite exemplaire d’une famille juive qui avait abandonné des racines bien encombrantes pour embrasser pleinement la culture du pays dans lequel elle se trouvait. ”(Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “Sheep avait été pétrifié par le changement de ton d’Heisenberg. Sa lèvre inférieure vibrait d’indignation, de petites larmes de vexation se formaient au coin de ses yeux. Il renifla comme un enfant, soupira, puis, reprenant ses cent pas: “Oui, je comprends, bien sûr, l’important, c’est d’aller vite; moi-même...” Heisenberg toussa. Sheep s’immobilisa à nouveau, soupira à nouveau, et se coupa: “... j’avais dicté cette idée à Bragg, mon majordome, que vous avez rencontré. Il l’a ensuite placée dans mon coffre, le temps que, dans la nuit noire, je revienne à tâtons au manoir, de mon pas de sénateur, mon désespoir effacé par la joie que m’inspirait cette idée de génie.” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “La pièce est extrêmement ennuyeuse ; Boulier raconte des anecdotes qui ne mènent nulle part, tente d'être spirituel mais ne parvient qu'à être assommant. Les autres spectateurs ne sont pas plus fascinés que moi ; mon voisin écrit sans cesse des textos tout en riant sous cape ; deux personnes derrière moi parlent de leurs vacances en Espagne. J'essaie désespérément d'être attentif, au cas où Boulier me demanderait mon opinion tout à l'heure. Pf. Honnêtement, je ne vois pas l'intérêt du théâtre...” (FG)


(Suite de l’histoire n°4) “Il gémit en se recroquevillant sur lui-même. Son flanc humide le faisait souffrir ; une brèche avait été ouverte dans sa muraille et il croyait sentir la vie s’écouler hors de lui. Maintenant sa vision s’assombrissait ; il tentait en vain de fouiller les ténèbres du regard.
Une haleine chaude, toute proche, puis un cri : « Han ! C’est Jiji !… Antoine ! qu’est-ce que tu as fait !
— Mais c’est lui ! C’est quoi ce monstre ! C’est un malade ! Il m’a attaqué tout à l’heure !
— Oui, eh bien regarde ! Tu l’as poignardé ! Il… Il est en train de mourir. J’appelle les secours !
— Attends, bon… enfin, faut quand même pas déconner, je lui ai juste mis un coup de couteau de dînette…
— De… de dînette ?” (Louis Butin)


(Suite de l’histoire n°5) “Hunter freina prudemment à l'entrée du village et gara son car blanc cassé près du pylône de transmission téléphonique, au sommet duquel était perché un vautour — Yorick, un des familiers de Peony. Le charognard se nourrissait de poissons et de gros rats, au grand dégoût des dix-sept autres habitants du hameau. Lesquels auraient aussi aimé se débarrasser du pylône, selon eux cause des maux de tête et des crises de mélancolie qui frappaient la communauté.
— Foutaises, disait Peony : parce que franchement, avec les dépôts d'uranium de l'autre côté de la colline et les cochonneries qu'on trouve au fond du lac, il y a de quoi faire. Peony avait reconnu le car sur la route du lac et sorti son meilleur mezcal. Les deux chats, le chien — une bête roussâtre aux allures de coyote — et le singe se disputaient une énorme sauterelle dans un coin du bar. Deux des Californiennes, Bridget et Wanda, toutes les deux en maillot de bain, se tiraient les cartes en buvant du jus d'agave.— Oh ! Les ennemis du genre humain, ricanèrent-elles en voyant paraître Arrow et son compagnon. Mad Hunter marmonna une insulte en navajo. Peony cracha une graine de tournesol à deux pas du singe, qui se mit à piailler — c'était un rescapé du labo, un vervet, bestiole au poil gris et au masque charbonneux. La jolie Bridget secoua ses boucles rousses. — C'est malin. Il n'y est pour rien, le pauvre. — Tsu-tsu, susurra Arrow.Le singe lui sauta dans les bras. — Il se souvient, dit Peony. Pas vrai, Xue ?” (Dragon Ash)

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