lundi 30 janvier 2012

Episode 5


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]
  1. "Depuis près de soixante ans, elle le hantait, à chaque fois, il la chassait. En vain. M. Aleichem l’avait rencontrée chez des cousins, dans un manoir cossu de la banlieue parisienne, à une époque où il n’était que Salomon, le parent pauvre, celui que l’on regardait avec compassion et un soupçon de mépris. Elle, elle l’avait remarqué, l’avait entouré de son mystère et de sa blondeur. Il s’était laissé emporter, et, au début, n’avait pas voulu percer ses secrets. " (Alice Bé).
  2. "Cette invention devait être du plus grand secours aux services de renseignements dans leur combat contre les agents de l'ombre qui cherchaient à pénétrer nos forteresses numériques, à empoisonner nos fidèles espions, à hâter l'arrivée du Grand Soir, à briser nos secrets! Revenu chez lui, Monsieur Sheep avait prié l'homme qu'il avait au bout du fil de déposer dans un coffre ce qu'il avait transcrit de cette vision géniale." (David M.).
  3. "Je suis indécis. Que devrais-je faire ? Aller faire le pied de grue devant l'immeuble de l'inconnu ? Surveiller discrètement la sortie du théâtre, et suivre Reinette ? Je réfléchis, je pense, mais mon indécision ne fait que croître. Je décide finalement de rester à la maison. ll finira bien par se passer quelque chose, la situation se résoudra d'elle-même. Au moment précis où je prends cette décision, mon portable sonne. C'est un autre texto : "CAlifornia. PasaDENA." Le destinateur est un numéro caché. Qu'importe ? Voilà précisément ce que j'espérais. Demain, je pars pour les États-Unis." (FG).
  4. "Soudain, il le vit : l’autre se tenait là, dans un rayon de lune, au pied du château de la princesse, prenant à la dérobée des photographies avec son téléphone portable, l’odieux personnage ! Un mot lui vint aux lèvres comme une cerise dodue : doppelganger. Et il aurait voulu le cadenasser, ce mot accusateur, au fond de son esprit." (Louis Butin).
  5. "La voix était rieuse, l'accent chantant. "Docteur Arrow ? Je vous recommande la pomme. Mâchez le gâteau avec prudence : qui sait ? Il pourrait vous donner la solution de bien des choses. — Bon Dieu de bois, qui êtes-vous ? D'où me regardez-vous ? — De la plus haute tour", se moqua l'autre, dont il était difficile de déterminer le genre. "Mais encore ? fit Arrow, sec. — La prochaine fois, jouez la Lune", continua l'insolent. Lente. Le docteur haussa les épaules : un plaisantin (quel était donc le féminin du terme ?) de la Maison, surnom affectueux donné au Jeu du livre par ses adeptes." (Dragon Ash).

Episode 4


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]
  1. "Lorsque, le lendemain matin, sa concierge l’appela pour lui proposer de l’aider à faire ses courses, il refusa, encore perturbé par les événements de la nuit. La vision de ce masque nocturne avait fait remonter en lui tant de souvenirs, tant d’émotions enfouies. Il sentait que son esprit avait besoin de temps, pour pouvoir une fois encore effacer cette image, le visage de cette sirène, de cette Lorelei qui l’avait mené à sa perte." (Alice Bé).
  2. "Il avait alors téléphoné à un de ses hommes de main, et lui avait raconté son rêve, où il était question d’Alan Turing, de George Méliès et de Geronimo. L’homme avait noté, sous sa dictée, les divers détails de ce projet spectaculaire. L’appel avait duré sept heures. Monsieur Sheep en garderait le souvenir longtemps, sous la forme d’une laryngite chronique." (David M.)
  3. "Mais ce souvenir était trop ténu, il ne pourrait jamais retrouver avec certitude l'identité de cet homme. Soudain, il se frappa le front du plat de la main : ce n'était pas lui qui importait. C'était elle. Il décida de lui envoyer un texto et de lui proposer de déjeuner vers une heure. Il trouverait bien le moyen de lui poser quelques questions discrètes. Mais après plusieurs heures d'attente, elle ne lui répondit que pour lui dire qu'elle n'était pas disponible, ni le soir d'ailleurs puisqu'elle devait aller au théâtre. "On se reverra, concluait-elle, quand je reviendrai des États-Unis."" (FG)
  4. "Les fruits morts jonchaient le sol sous la frondaison qu’il eût dans son enfance plaisamment imaginée tepee. En ces nuits de jadis, il aurait entraîné sa voisine dans des jeux de rôles et d’alphabet corporel. Comme il enviait la communication facile des enfants !" (Louis Butin).
  5. "Compter Deirdre ? C'était idiot, ne pouvait faire rire que lui. Il avait faim, maintenant, à force de contempler la brebis, ses mamelles qui gonflaient les jours de pleine lune. Dans le réfrigérateur du laboratoire, il trouva, entre quelques éprouvettes, une pomme et une tranche de rainbow cake, confectionné — méfiance, songea-t-il avec un large sourire — par son collègue Andrew Mad Hunter, chamane à ses heures. Il se demandait dans quel ordre dîner — la pomme d'abord, le gâteau ? — quand son portable sonna." (Dragon Ash).

vendredi 27 janvier 2012

Episode 3


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]
  1. "Au bout d’un moment, il se leva, alla à sa fenêtre pour se calmer en contemplant le paysage. La lune luisait au-dessus des arbres, M. Aleichem sentait sous ses pieds nus les rugosités familières du parquet mais il n’était toujours pas rassuré. Tout à coup, son cœur fit un bond : il lui semblait avoir aperçu, l’espace d’un instant, l’ombre blanche d’un visage traverser le jardin." (Alice Bé)
  2. "Dans la lettre qu’accompagnait la carte de visite, Monsieur Sheep expliquait qu’une nuit, complètement désorienté, il s’était réveillé, à quatre heures du matin, pieds nus, dans la forêt de son château, toujours en proie à la plus profonde dépression, mais trouvant quelque espoir dans un projet scientifique inédit. " (David M.)
  3. "Je me mis au lit, mais je ne parvins pas à m'endormir. J'allumai, pris un livre. Rien à faire. Une seule pensée m'obsédait : qui était cet inconnu ? Il me semblait vaguement l'avoir déjà vu quelque part. Je me relevai, allai à mon bureau, allumai mon ordinateur. Google me donnerait peut-être la clé de l'énigme. Et soudain, le souvenir me revint : j'avais déjà vu cet homme. C'était à Cannes, il y a quelques années, pendant le festival." (FG)
  4. "Là, épiant de tous côtés dans la pénombre d’une lune effilée, il examinait les moindres indices d’une présence étrangère, tour à tour anxieux et exalté. Tiens ? Sous le vieux marronnier : l’empreinte d’un autre rôdeur ?" (Louis Butin)
  5. "La partie dura trois heures. Arrow perdit. Dans le laboratoire sans fenêtres qu'éclairaient des néons pâles, il fit lever une fausse lune derrière un faux cerisier, ainsi qu'en son jardin. Rien d'intéressant à la télévision — une adaptation de Robinson Crusoë par un dramaturge vénitien. La brebis dormait debout. Arrow ne trouvait pas le sommeil." (Dragon Ash)

Episode 2


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]
  1. "Mais il avait dû rêver, car tout était silencieux. Il vérifia tous les verrous, se cloîtra comme princesse en sa tour et retourna au lit. Mais les moutons ne revinrent point : il sentait son cœur battre la chamade, il lui semblait entendre des bourdonnements, il était totalement désorienté et se mit à craindre pour sa vie." (Alice Bé)
  2. "Il découvrit que Monsieur Sheep était un industriel qui avait fait fortune dans le textile avant de se retirer dans un château où il vivait cloîtré. On le disait terrifié par le monde extérieur, suite à une piqûre d’abeille qui l’avait plongé dans le coma, à Java. Après son rapatriement en France, il avait sombré dans la dépression."(David M.)
  3. "Ils avaient marché longtemps dans les rues, puis étaient entrés dans un immeuble d'allure imposante. J'attendais. Depuis des heures, j'attendais. Bientôt, le ciel pâlit, le brouillard commença à se dissiper, le soleil se leva. Des gens, des foules de gens, tous identiques les uns aux autres, se mirent à passer devant moi et à s'engouffrer dans le métro. Ils allaient travailler, je suppose. Je me sentais seul au monde. Luttant contre la mélancolie, je décidai de rentrer chez moi." (FG)
  4. "Mélancolique, cerné de pensées inavouables, le pauvre agneau se faufilait jusqu’au seuil de la résidence de sa voisine, forteresse de plain pied sur herbe rase. L’esprit ardé, hanté, en lui bourdonnaient le simoun, le chinook et le sirocco." (Louis Butin)
  5. ""Le diable en huit", proposa-t-il. La brebis avait posé le museau contre les barreaux, visiblement mélancolique. "On le pose à la tour", répondit celui qui jouait sous le nom de Bee. Arrow tendit la main vers le front de Deirdre, caressa le poil soyeux. "Je ne t'en veux pas. Mais passer la nuit enfermé ici…"" (Dragon Ash)


Episode 1


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]

  1. "Un soir qu’il se trouvait tranquillement chez lui, au lit, en train de lire, M. Aleichem fut surpris d’entendre un bruit de clé qui semblait provenir de sa porte. Disant adieu aux moutons qu’il s’apprêtait à compter paisiblement, il s’arma de sa canne et s’approcha à pas feutrés du trou de la serrure." (Alice Bé)
  2. "Il posa la carte de visite sur son bureau et lança une recherche sur son ordinateur, afin d'identifier ce "Monsieur Sheep" qui le priait d'enquêter sur un vol commis par un aveugle polyglotte apparemment épris de cryptologie." (David M.)
  3. "Par une nuit de brouillard, une de ces nuits si sombres que l'on peut se perdre même en traversant les lieux qui nous sont les plus familiers, j'attendais, dissimulé derrière le tronc d'un arbre. Je l'avais vue discuter avec un inconnu, j'avais observé ses rires forcés et ses petites moues séductrices. Quand ils étaient sortis ensemble, ç'avait été plus fort que moi, je les avais suivis." (FG)
  4. "Voyeur vicieux, superstitieux, il vivait seul chez sa mère. « Pauvre agneau… Je suis égaré et je tâtonne en vain la face du monde… où sont les prochains signes de Dieu ? », geignait-il en feuilletant sa Bible." (Louis Butin)
  5. "Une seule hypothèse, Deirdre avait avalé la clef. Il avait fouillé le laboratoire dans le moindre recoin. Et la cage de la brebis. Elle le regarda de ses longs yeux sages. "J'ai tout mon temps", maugréa-t-il en rallumant l'ordinateur. Ses faux amis du Jeu du livre l'attendaient, dans les sphères immobiles au-delà du monde." (Dragon Ash)